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Abbaye de Marmoutier

L'Abbaye des Vallières

Elle était située au nord de la Loire, face à la vieille ville de Tours. Fondée par Martin de Tours, sans doute en 372, l'abbaye connut son apogée au Moyen Âge et ses dépendances s'étendaient dans une bonne partie de la France médiévale et jusqu'en Angleterre. Elle fut démembrée sous la Révolution française. Rachetés par les sœurs du Sacré-Cœur, les bâtiments rescapés furent restaurés et d'autres construits pour abriter un établissement d'enseignement privé toujours en activité au XXIème siècle. La partie du site abritant les vestiges de l'ancienne abbaye a été rachetée par la ville de Tours en 1981 et des fouilles archéologiques y sont en cours depuis 2004.

Je ne l'ai pas encore visité, les visites étant complètes pour le moment

Un peu d'Histoire :
 ➵ ≈ 372, St Martin fonde sur le lieu où Saint Martin, alors évêque de Tours, se retira vers la fin du IVème siècle.
 ➵ Le Haut Moyen Âge Peu à peu l'abbaye se construit, un scriptorium est édifié, puis une seconde église sous l'épiscopat de Volusien. Grégoire de Tours (539-594) sera le premier à employer le terme de Marmoutier (majus monasterium = grand monastère). Au Vème ou au VIème siècle, les moines de Marmoutier auraient pu disposer d'un oratoire sur l'autre rive de la Loire, dans un édifice qui deviendra plus tard la chapelle Saint-Libert. Dès le milieu du IXème siècle, en 850, l'édifice, qui a probablement fait l'objet d'une reconstruction complète sous l'impulsion de son abbé régulier Renaud et de son frère Vivien quelques années auparavant, est alors administré par une communauté de chanoines.
 ➵ En 852, alors qu'elle compte environ 150 moines, l’abbaye est attaquée par le chef viking Hasting. C'est le massacre et le pillage : 115 religieux périssent. Cette tradition transcrite dans les chroniques médiévales n'est pas confirmée par les sources archéologiques : les vestiges ne témoignent d'aucune phase d'abandon du monastère. Néanmoins, et bien qu'il soit encore occupé, l'édifice religieux, totalement ravagé, se présente dès lors, et pendant quasiment un siècle, comme une "annexe" de la collégiale Saint-Martin, autre bâtiment voué au culte du saint martinien et situé à Candes. Environ 130 ans après cet évènement, en 982, l'abbaye, grâce à l'intervention du comte de Blois Eudes II, est alors remise aux mains des religieux saint-martiniens.
 ➵ Le renouveau et le temps de la puissance
  - L'abbaye ne reprend vie qu'à la fin du Xe siècle. L'abbé Mayeul (c. 910-994) viendra alors de Cluny avec treize religieux afin de restaurer la vie monastique.
  - En 1047, le jeune duc de Normandie, Guillaume, le futur Conquérant, après sa victoire à la bataille de Val-ès-Dunes, donne à l'abbaye une partie des biens situés à Guernesey du baron révolté Néel II de Saint-Sauveur10,note 2. Ultérieurement, une dédicace, datée 1096 et signée du pape Urbain II, met en évidence que le monument, sous sa nouvelle forme à caractère roman, aurait été probablement réédifié sous l'impulsion de l'abbé Barthélémy8. Guillaume le Conquérant, qui érige son équivalent, l'abbaye « Saint-Martin de la Bataille » dans le Sussex de l'Est (Angleterre)11, finance en partie la reconstruction du monument12, essentiellement celle du dortoir et du réfectoire.
  - En 1198, le pape Innocent III donne à l'abbaye une bulle confirmant la propriété du couvent de Saint-Magloire de Léhon.
  - Vers 1121, Robert, évêque de Cornouaille, donne par une charte de donation l'île et l'église de Saint-Tutuarn à l'abbé Bernard et aux moines de l'abbaye de Marmoutier14. L'abbaye se développe et on édifie la chapelle des malades, le cloître de l'infirmerie, la chapelle de l'abbé, le portail de la MitreRan 2 et entre 1210 et 1227 le portail de la Crosse (toujours intact). L'art médical est enseigné à Marmoutier dès le second quart du XIe siècle. L'enseignement de l'art médical est alors principalement exercé par quatre moines : Garin (ou Garinus), Inisien, Jean et Raoul Leclerc (ou Raoul Mal Couronne). Les échanges avec la ville de Tours sont favorisés par la construction, dans la première moitié du XIème siècle, d'un pont sur la Loire.
  - En 1070, une nouvelle église de style roman est mise en chantier sur l’emplacement de l’église du Xe siècle8. Bâtie sur un plan somptueux, elle comporte un déambulatoire et un transept double (dispositif rare en Val de Loire). Urbain II consacre cette église en 1096. La tour des Cloches, toujours debout, date de cette phase de constructions. À la même époque, l’église paroissiale Saint-Nicolas, située en dehors du périmètre de l’abbaye, s’entoure d’un cimetière laïc, dans un secteur peut-être habité.
  - À partir de 1214, Hugues des Roches réorganise l’ensemble du monastère et entreprend l’édification d’une nouvelle grande abbatiale gothique, la plus belle de Touraine selon des pèlerins, elle aussi englobe les églises précédentes. La façade, ornée de deux tours qui ne seront jamais couronnées de flèches ainsi qu’une grande nef à trois corps sont construites de 1218 à 1227, après une pause de 35 ans dans les travaux, Robert de Flandres érige le chœur de l’abbatiale entre 1263 et 1296 et les travaux sont poursuivis par son successeur Eudes de Bracieux (1296-1312), enfin, sous la direction de Jean de Mauléon, entre 1312 et 1330, un narthex pourvu de cinq porches vient couvrir la façade et la relie à la tour des Cloches. Une fois achevée, cette abbatiale mesure 112 mètres de long, soit 15 mètres de plus que la cathédrale Saint-Gatien de Tours qui vient d'être terminée, cette différence de dimensions n'est certainement pas fortuite, s'inscrivant dans une "guerre de prestige" entre les moines de Marmoutier, ceux de la basilique Saint-Martin et le chapitre cathédral de Tours. "L'église de Saint-Martin est belle, celle de Saint-Gatien est plus belle, celle de Marmoutier est la plus belle." : ainsi s'exprimait un pèlerin à la fin du XVème siècle. Hugues des Roches est également le bâtisseur de la ferme de Meslay, ancien prieuré dépendant de l'abbaye. La branche nord du transept aboutissait à la cella que saint Martin aurait habitée. À l’est du chœur, deux chapelles, dédiées à Saint-Benoît et à Notre-Dame du Chevet ont également été édifiées. Les proportions inhabituelles de l’église (chœur presque aussi long que la nef) sont révélatrices du nombre de moines que devait accueillir l’édifice pendant les offices. Le revêtement du sol de certaines chapelles absidiales, en carrelage et mosaïques à motifs, habituellement réservé aux châteaux, en dit long sur la richesse de l’abbaye à cette époque. La faible largeur du transept est dictée par les contingences topographiques.
  - Aux alentours de 1300, Simon le Maye entreprend d’entourer l’ensemble des terres de Marmoutier d’une nouvelle enceinte haute de 5 m qui escalade le coteau et se raccorde au portail de la Crosse.
  - En 1330 le manoir de Rougemont est édifié sur le coteau pour servir de logis abbatial. Le domaine enclos par l'enceinte couvre alors dix-huit hectares dont sept sur le coteau et 11 à son pied.


Guerre de Cent Ans et conflits religieux
  - En 1360, l'abbaye est pillée par des routiers qui s'en servent comme camp de base. Le nombre des moines passe de 80 à 20.
  - Au XVème siècle, Marmoutier représentait une autorité régionale presque aussi puissante que le chapitre de Saint-Martin et que la ville de Tours avec laquelle elle entrera fréquemment en conflit, notamment en ce qui concerne les frais de réparation du pont roman d’Eudes II auxquels Marmoutier refusait de participer. Les digues de protection de l’abbaye contre les crues de la Loire furent aussi accusées de rejeter les flux et les inondations vers la rive gauche et vers Tours ; une digue, détruite sur ordre de Louis XI en 1480, fut aussitôt reconstruite.
  - En 1539, avec la mort de Philippe Hurault, disparaît le dernier abbé régulier de Marmoutier, qui passe jusqu’à la Révolution sous le régime des abbés commendataires.
  - En 1569, des protestants emmenés par le prince de Condé pillent l'abbaye après avoir tenté, sans succès, de démolir l'abbatiale, comme ils avaient réussi à le faire, un an plus tôt, pour la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans.
La tutelle mauriste
  - En 1637, Marmoutier devient, par décision de son abbé le cardinal de Richelieu, une abbaye commendataire de la Congrégation de Saint-Maur et se transforme rapidement en un important centre intellectuel sans rien perdre de sa richesse temporelle, justifiant le dicton : "De quelque costé que le vent vente, Marmoutier a cens et rente."
  - Sous l'impulsion des mauristes, les bâtiments, très endommagés, sont reconstruits, la restauration étant jugée difficile et encore plus coûteuse. Les terrasses, à l'est de l'abbaye, sont aménagées, un grand dortoir et une grande hôtellerie sont édifiés, délimitant un nouveau cloître. Le propriétaire Georges Bruneau démonte le premier étage qui s’était en partie effondré faute d’entretien de la toiture.
  - Au début du XVIIIème siècle, la figure de dom Edmond Martène (1654-1739) renforce encore cette tradition érudite. Ce savant moine rédige entre autres une Histoire de la congrégation de Saint-Maur, restée inédite jusqu'au XXème siècle, et une importante Histoire de l'abbaye de Marmoutier, éditée au XIXème siècle.
La Révolution signe la fin de la grande abbaye
  - 1789, la Révolution disperse à nouveau les moines, le mobilier est vendu et Marmoutier devient un hôpital militaire destiné notamment à accueillir 4 000 blessés de la guerre de Vendée entre 1793 et 1796.
  - 1799, les bâtiments, à l'abandon depuis trois ans, sont vendus comme biens nationauxet les destructions vont commencer par la grande abbatiale gothique.
  - 1802, deux gravures de montrent qu'il ne reste déjà plus que la nef et la façade de l'abbatiale, qui seront totalement démontés en 1809, car un plan de 1809 pour l'établissement d'un dépôt de mendicité, montre que la grande église n'existe déjà plus, les bâtiments monumentaux des mauristes, vont servir d'écurie pour les gardes d'honneurs des régiments napoléoniens, de 1810 à 1814, et à nouveau vendus en 1818, ils sont démolis en deux ans et servent de carrière de pierres.
  - 1822, les grandes granges et les grandes écuries seront détruites. Malgré de très nombreuses demandes des élus de la ville de Tours, pour sauver cette abbaye de la destruction, rien ne fut sauvé, même le grand escalier du bâtiment du réfectoire fut détruit et a servi à d'autres constructions.
 ➵ La reprise par les sœurs du Sacré-Cœur
  - En 1819, les bâtiments sont pour beaucoup détruits (en particulier l'église abbatiale). Mais les sœurs du Sacré-Cœur achètent ce qu'il en reste et entament en 1847 une restauration et une reconstruction dont les travaux sont terminés en 1897, à l'occasion du quinzième centenaire de la mort de saint Martin. Une nouvelle chapelle est édifiée au sud du site (1856), le portail de la Crosse et la grotte du Repos de Saint-Martin sont restaurés. Comme cette période coïncide avec la découverte du tombeau de saint Martin à Tours (1860), les pèlerinages reprennent de l'importance et les restaurations de lieux ayant accueilli, selon la tradition, les premiers chrétiens de Touraine, se multiplient : chapelle de saint Gatien, grotte des Sept-Dormants, reconstruite en 1881 après un éboulement, grottes de saint Patrick et de saint Léobard, (1886 et 1887).
  - En 1848,Madeleine-Sophie Barat fonde l'institution Marmoutier et y installe un établissement d'enseignement catholique.
  - De 1914 à 1917, Marmoutier est à nouveau un hôpital militaire, dans les bâtiments du pensionnat des Dames du Sacré-Cœur. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Marmoutier est réquisitionné par l'armée allemande.
  - En 1947, François Mitterrand fait une visite d'État pour remercier les résistants tourangeaux d'avoir caché de nombreux juifs dans les caves à vin. En 1964, l'ancienne commune de Sainte-Radegonde-en-Touraine où l'abbaye est située est rattachée à Tours.